Toxoplasmose et grossesse
Que faire lors d'une séroconversion en cours de grossesse? Car c'est bien ce qui m'intéresse!!
Il faut dater la séroconversion. C'est le préalable indispensable
à l'inclusion dans un protocole de diagnostic anténatal. En effet, compte tenu des risques iatrogènes
liés aux ponctions, cette démarche est réservée aux patientes dont on est certain qu'elles ont
été infectées pendant la grossesse.
A cette fin, des règles d'interprétation de la sérologie de la
toxoplasmose acquise ont été définies,
basées sur le titrage des IgG et la recherche d'lgM spécifiques. Les
IgM sont les premières à apparaître dans les jours qui suivent
l'infection. Les IgG apparaissent dans les 2 ou 3 semaines qui suivent
l'infection.
La principale difficulté réside dans l'interprétation d'une sérologie positive en
IgG avec IgM, sans prélèvements antérieurs. En l'absence de signes cliniques évocateurs (les adénopathies
ne sont présentes que dans 25% des cas), un deuxième prélèvement, 3 semaines
après le premier, est nécessaire pour une interprétation fiable. La prescription
précoce de spiramycine (Rovamycine*) n'est pas souhaitable avant le deuxième
prélèvement car elle réduit la stimulation antigénique et retarde ou bloque
l'apparition des IgG. Le risque de différer le traitement de 3 semaines est minime
compte tenu de la durée de l'étape placentaire. L'augmentation significative du
titre d'IgG authentifie le caractère évolutif de la toxoplasmose. Un taux stable d'lgG
permet d'affirmer que la contamination a eu lieu au moins 2 mois avant le premier
prélèvement.
La transmission maternofœtale s'effectue en moyenne 4 à 8 semaines après la
colonisation du placenta. Si cette placentopathie précède toujours une infection
fœtale, le passage du parasite du placenta au fœtus n'est pas obligatoire. La
fréquence de transmission maternofœtale, estimée globalement à 30% des cas,
est d'autant plus élevée que l'infection survient tardivement au cours de la grossesse.
A l'approche du terme, le flux sanguin placentaire est maximal, le
risque de transmission est quasi obligatoire, mais l'atteinte fœtale généralement
minime. Inversement, si la contamination est contemporaine de la
conception, la transmission est plus rare, mais l'atteinte fœtale gravissime (mort in
utero, hydrocéphalie, choriorétinites bilatérales et centrales). La période la
plus dangereuse se situe entre la dixième et la vingtquatrième semaine d'aménorrhée,
moment où fréquence et gravité (atteintes multiviscérales, oculaires et cérébrales)
se conjuguent.
Le risque d'infection fœtale croît régulièrement du début à la fin de la grossesse,
passant progressivement de 1% en période périconceptionnelle à 20% autour de la 20e semaine
pour atteindre 75% à 90% au voisinage du terme. La toxoplasmose congénitale sévère est une forme
rare mais redoutable qui s'observe surtout lorsque le fœtus a été infecté durant le ter
trimestre de la grossesse.
Le diagnostic premier établi jusqu'à ces dernières années par des
examens effectués à la
naissance s'est modifié en raison de techniques nouvelles permettant un
dépistage in utero de l'infection. Celui-ci a comme intérêt majeur de
ne
proposer des interruptions de grossesse que sur des éléments objectifs,
d'éliminer les
avortements injustifiés et de mettre en œuvre un traitement des fœtus
infectés avant la
naissance par l'association pyriméthamine et sulfamide. dont
l'efficacité thérapeutique a été
prouvée.
Ce diagnostic repose sur trois éléments: l'échographie, l'amniocentèse
et le prélèvement de
sang fœtal. L'échographie est un des moyens de surveillance. Elle peut
mettre en évidence des
signes évocateurs de toxoplasmose congénitale (hépatomégalie fœtale,
ascite fœtale, dilatation
des ventricules cérébraux, calcifications intracrâniennes). Des
prélèvements de sang fœtal et
de liquide amniotique sont associés à partir de la 20é semaine
postconceptionnelle à l'investigation échographique. Ils permettent de
mettre en évidence des signes biologiques spécifiques
et non spécifiques d'infection.
Source: GyneWeb